Pierre Mertens aux Midis de la Poésie…

Peut-on écrire après Auschwitz? Faut-il parler de ces camps et de ces rescapés? Et de quelle manière? Il existe deux façons de relater ces horreurs: décrire les faits tels qu'ils se sont produits (Semprun raconte comment les enfants juifs mouraient de faim ou de froid - comment ils avaient été harcelés par des chiens et tués à bout portant) ou parler de son expérience personnelle (douleur causée par la faim, détresse morale, désespoir…).

Dans le but de se révéler et de s'extérioriser, l'auteur et le poète rescapés se situent d'abord dans un "moment" de telle façon que plusieurs récits regroupés, de Lévi, de Semprun et de Cayrol donnent le "pourquoi écrire": ils écrivent tout de suite ou longtemps après les faits; ils parlent de la vie avant les camps et expriment une nostalgie de cette vie où ils n'avaient pas encore connu l'enfer; ils relatent les vécus dans les camps, au moment où ils s'y trouvaient; la "vie" après les camps et l'incompréhension des autres qui n'y croient pas; la culpabilité d'être en vie alors que des millions d'autres sont morts: les camps sont toujours présents et hantent ceux qui ont pu en être définitivement sortis…

C'est pourquoi il faut écrire, par devoir et pour la mémoire, pour le futur, pour que cela ne se reproduise pas, pour écarter l'oubli, condamner le négationnisme et le mensonge par omission, pour ne pas imiter des auteurs allemands qui ont tout "gommé" en croyant par là rendre sa dignité à l'Allemagne.

Anne-Marie David (6 LG2)