Le traitement des déchets

Elocution présentée en 2003-2004 au cours de biologie par deux élèves de cinquième année: Jonathan Guillaume et Thomas Vanderbeck.

1 Bref historique

Longtemps les hommes ont confié à la nature le soin de digérer leurs déchets. Ce qui ne pouvait être utilisé pour nourrir les animaux de basse-cour et les porcs était enfoui, brûlé ou servait à faire de l'engrais. Mais, avec le développement de l'urbanisation, le cycle naturel a été rompu.

Et, pendant près de 1000 ans les hommes ont vécu dans des villes dont la propreté et l'hygiène étaient proches de celle d'une porcherie. Les ordures de chacun étaient tout simplement jetées ou entassés sur la voie publique.

Il faut attendre le XIXè siècle pour que l'hygiène publique devienne une véritable préoccupation. Les réseaux d'eau potable et de tout-à-l'égout font alors, peu à peu, leur apparition. Dans le même temps, la quantité de déchets difficilement biodégradables augmente. Elle est liée à la fabrication de produits de synthèse faisant appel à des matières chimiques.

2 Qu'est ce qu'un déchet?

Tout le monde a l'impression de savoir ce qu'est un déchet. "C'est un objet que l'on destine ou que l'on jette à la poubelle", répondra sans doute le premier venu. Il n'aura pas tout à fait tort. Les restes de repas ou la paire de vieilles chaussures usées qu'on y jette sont des déchets.

Alors, qu'est-ce qu'un déchet? Il existe en fait une définition très précise du déchet, qui nous est donnée par la loi: "Est un déchet tout résidu d'un processus de production, de transformation ou d'utilisation, toute substance, matériau, produit… que son détenteur destine à l'abandon". Nous générons en permanence une multitude et une grande diversité d'objets auxquels s'applique cette définition. On peut classer tous ces déchets par catégories, lesquelles peuvent varier en fonction de leur nature, de leur provenance ou encore de leur caractère plus ou moins toxique.

3 Les catégories de déchets

3.1 Les déchets ménagers

Ce terme regroupe l'ensemble des déchets que nous produisons dans le cadre de notre vie quotidienne et familiale: emballages plastiques, restes de repas, boîtes de conserve, vieux vêtements, etc. En Belgique, on produit plus ou moins 1,6 kg de déchets par jour et par personne, soit plus de 550 kg par an!

3.2 Les déchets industriels banals

Sont considérés comme des déchets industriels banals ("DIB") les vieux papiers, les cartons ou les emballages, les plastiques qui sont rejetés en quantités très importantes par les entreprises. Les chutes de bois non traité, les pièces mécaniques d'un moteur, les anciennes moquettes d'un appartement rénové, les invendus d'un marché à plein vent appartiennent aussi à cette catégorie des DIB. Ces déchets ne sont pas dangereux en tant que tels, mais peuvent provoquer des nuisances quand ils sont abandonnés sans précaution particulière et n'importe où.

3.3 Les déchets industriels spéciaux

Ils contiennent des éléments toxiques et représentent un réel danger pour la santé et pour l'environnement. Ce sont par exemple les solvants, les vernis, les colles, les goudrons, les bains d'électrolyses. Ces déchets font l'objet d'une réglementation particulière et doivent suivre des filières de collecte et de traitement spécifiques.

3.4 Les déchets inertes

Comme leur nom l'indique, ces déchets ne changent pas. Ils ne se décomposent pas et ne se dégradent pas. Ils sont constitués par les gravats de démolition (briques, blocs de béton, terre, panneaux de vitres…). Ils ne sont pas dangereux, mais compte tenu de leurs volumes et de leurs quantités, ils représentent des risques de dégradation des paysages.

3.5 Les autres catégories de déchets

Il existe aussi des déchets d'activités agricoles qui proviennent des élevages ou des cultures, des déchets d'activités de soins, dont certains sont considérés comme à risques, ou encore les déchets nucléaires.

4 Pourquoi trier?

Pour valoriser nos déchets, on ne peut plus les collecter en mélange. Pour pouvoir être recyclés, ceux-ci doivent en effet avoir été préalablement triés. Collaborer au triage et donc au recyclage, permet la réutilisation de plus de la moitié des objets destinés a être détruits.

Mais comment faire pour séparer par matériau ces milliers de tonnes de déchets ménagers qui sont ramassés chaque jour? Cela nécessite la mise en place des collectes sélectives et la participation des usagers, qui doivent effectuer un tri primaire de leurs déchets. Cela demande juste un tout petit peu d'organisation. À la maison, il suffit d'installer 2 poubelles, ou des sacs, à côté de sa poubelle habituelle. L'une sert pour tout ce qui est plastique et métal, comme les cannettes, les conserves, les bouteilles de soda, les tétra packs. Une autre sert pour les emballages pour tout ce qui est papier, carton, emballages cartons,… La dernière, "la poubelle normale", sert pour les déchets ordinaires, non recyclables, qui seront valorisés énergétiquement, ou pour une partie, mis en décharge.

Et le verre, où va-t-il ? Recyclable à l'infini, il ne peut être mis avec le reste. Il a le droit à un ramassage spécial, conçu rien que pour lui.

Qu'ils soient en bas de notre immeuble ou placés en ville, des conteneurs sont là pour que y nous déposions toutes nos bouteilles.

Il y a aussi, pour tout ce qui est déchets naturels, le compostage (voir plus loin).

Après, c'est très simple: pour tous les déchets que nous ne pouvons pas mettre dans notre poubelle, parce qu'ils sont trop gros, trop encombrants ou tout simplement polluants, nous pouvons aller dans une déchetterie. En fonction de leur nature, les matériaux apportés (gravats, vieil électroménager, meubles...) y sont également répartis dans différents conteneurs.

5 Le traitement des déchets avec valorisation

La valorisation matière, appelée communément recyclage, consiste à réintroduire de façon directe un déchet dans un cycle de production dont il est issu en remplacement total ou partiel d'une matière première vierge.

Les déchets ménagers recyclables sont donc récupérés, triés matériau par matériau puis renvoyés vers leurs filières de production d'origine ou destinés à des applications générant des produits spécifiques.

On peut également parler de valorisation matière pour les matériaux récupérés à l'issue de l'incinération des déchets: les mâchefers, les ferrailles et l'aluminium.

5.1 Le verre

Le seul recyclage possible pour le verre, c'est le verre! C'est pour cela qu'il est déposé distinctement des autres matériaux dans des conteneurs spéciaux. Le verre est un matériau recyclable à 100 % et, en plus, indéfiniment. Avec une bouteille de verre ou un bocal en verre, on peut refaire la même bouteille ou le même bocal. Le recyclage du verre connaît une seule limite: la couleur. Le verre blanc ne peut être fabriqué à partir d'un verre coloré. A l'avenir, il est envisageable que le tri par couleur s'impose, comme c'est déjà le cas dans certains pays d'Europe.

Le verre est le plus ancien des matériaux recyclés. Son recyclage a débuté après le premier choc pétrolier pour réaliser des économies d'énergie. Car, chaque tonne de verre traité et broyé (calcin) permet une économie totale d'énergie de 100 kg de fuel par rapport à la fonte des matières premières entrant dans la composition du verre.

Dans les années 80, la récupération du verre après usage pour le recycler a trouvé une deuxième motivation : la nécessité de limiter le volume des déchets ménagers. En 2003, un emballage en verre sur deux est récupéré et recyclé.

Le recyclage du verre diminue d'environ 12 % le poids des déchets ménagers à éliminer. Recycler le verre permet d'éviter cette mise en décharge et aussi de fabriquer du verre neuf en évitant le prélèvement sur la nature des matières premières entrant dans sa composition.

5.2 Le Plastique

5.1 Les bouteilles en PVC et en PET.

Cinq milliards de bouteilles plastiques transparentes sont consommées chaque année en France. Ces bouteilles appartiennent à deux grandes familles de plastiques qui, une fois récupérés, ne subissent pas le même traitement.

Pour distinguer facilement une bouteille de PVC, d'une bouteille de PET, il suffit de regarder leurs fonds. Le fond d'une bouteille de PVC ne comporte pas de pastille, tandis que celui d'une bouteille de PET en a une. Ces deux familles de bouteilles ont pour caractéristiques communes d'être légères, solides, insensibles aux infiltrations et aux bactéries. De plus, elles offrent de parfaites conditions d'hygiène et conservent les propriétés des boissons qu'elles contiennent.

Une fois vidée de leur contenu, les bouteilles plastiques récupérées grâce aux collectes sélectives mises en place par les communes adhérentes du SYCTOM sont prises en charge par l'un de ses centres de tri. Là, les bouteilles en PVC et en PET sont aplaties et mises en balles séparément. Une balle est constituée avec quelque 15000 bouteilles de plastique.

Les balles plastiques sont ensuite acheminées vers les installations de régénération. Une fois les corps étrangers écartés (papier et bouchon), les bouteilles en PVC sont broyées, lavées et à nouveau broyées. Après cette opération, la poudre de PVC régénérée obtenue est prête pour la fabrication de nouveaux produits.

Cette poudre sert notamment à fabriquer des tubes et tuyaux employés dans le bâtiment, des câbles, des revêtements de sol, des contreforts de chaussure, des vêtements...Le recyclage de vingt-sept bouteilles en plastique permettent de tricoter un pull.

De son côté, le PET est lavé, séché, puis réduit en fibres. Le PET régénéré est principalement utilisé pour le rembourrage de vêtements ou de couettes, la fabrication de nouveaux emballages comme des barquettes ou des boîtes à oeufs... Une partie de ce PET sert également à fabriquer des laines polaires.

5.2 Les flacons et bouteilles en PEHD

Le PEHD (Polyéthylène Haute Densité) est le matériau opaque employé pour produire les bouteilles ainsi que les flacons de lait, de lessive et d'adoucissant.

Après un tri méticuleux qui permet d'éliminer les bouteilles indésirables, les flacons en PEHD sont broyés, lavés à chaud, puis, mis en granulés. Avec la matière obtenue, on fabrique, entre autres, des bidons de lessive et les gaines rouges qui servent à protéger les câbles électriques dans la rue. En tous cas, ce n'est jamais employé pour les produits alimentaires, car c'est interdit en France.

5.3 Papier

5.3.1 Les journaux, les magazines et le papier

Après leur passage en centres de tri, les journaux, magazines et prospectus sont pressés et rassemblés en balles ou livrés en vrac à une papeterie qui fabrique du papier journal.

Les critères de tri à respecter pour constituer le stock à recycler sont très stricts:

Aujourd'hui, on utilise autant de papier usagé que de bois pour fabriquer du papier neuf. Trois fois plus d'énergie est nécessaire pour fabriquer une tonne de pâte à papier à partir du bois, que pour en fabriquer une à partir de vieux papiers.

5.3.2 Le carton d'emballages

Compressés en balles en centres de tri, papiers et cartons d'emballage sont ensuite acheminés vers une papeterie, où ils sont transformés en pâte cellulosique (40% de balles de papier carton et 60% de caisses carton).

5.3.3 Les briques ou emballages pour liquides alimentaires (jus de fruit, lait)

les balles de briques alimentaires sont envoyées dans une papeterie. Comme il s'agit d'emballages composites, les différents éléments qui les composent sont séparés.

Les 3 matériaux composant la brique alimentaire sont : le carton, le polyéthylène (plastique) et l'aluminium

6 La valorisation organique peut prendre deux formes: le compostage ou la méthanisation.

7 La valorisation énergétique

Elle peut prendre la forme d'une incinération avec récupération d'énergie ou d'une thermolyse.

Dans le premier cas, un traitement thermique permet de brûler les déchets ménagers dans des fours aménagés à cet effet. L'énergie dégagée dans cette opération est ensuite récupérée. On produit ainsi de la vapeur pour alimenter des systèmes de chauffage, ou de l'électricité grâce à des turboalternateurs. La valorisation mixte en chaleur et électricité s'appelle la cogénération.

8 Les autres types de traitement

8.1 L'incinération simple

On assiste à une incinération simple lorsque l'énergie produite lors de la combustion n'est pas récupérée. Comme pour toute incinération, celle-ci conduit à une forte réduction des volumes des déchets et à une minéralisation de ceux-ci (mâchefers utilisés dans les travaux publics en sous couche routière notamment). Les principaux polluants présents dans les déchets entrants, se concentrent dans les fumées. Ces dernières sont donc dépolluées avant rejet dans l'atmosphère.

8.2 La mise en déchagre

La mise en décharge (aujourd'hui appelée "centre d'enfouissement technique" ou CET en Belgique francophone) n'est ni un traitement ni une valorisation. C'est la destination finale des déchets qui sera strictement réservée aux déchets ultimes.

9 Réduire les nuisances

Aujourd'hui, le syndicat reste à la pointe de la recherche technologique et met en œuvre les techniques les plus innovantes pour une prévention globale des pollutions et des nuisances.

9.1 Eliminer la pollution de l'air

Les centres de valorisation énergétique sont équipés pour traiter les fumées dégagées par la combustion des ordures ménagères et être ainsi en conformité avec la réglementation nationale et européenne.

9.2 Traiter les eaux usagées

Les eaux résiduaires et les eaux provenant du lavage des fumées sont traitées dans des stations d'épuration intégrées.

9.3 Protéger les sols

les produits toxiques, envoyés dans des centres spéciaux, sont traités selon la réglementation européenne sur la limitation de l'émission de substances toxiques

9.4 Le traitement des fumées

Les rejets atmosphériques des centres de valorisation énergétique sont soumis à une réglementation qui évolue et devient toujours plus exigeante. Les seuils de rejets qui s'appliquent actuellement correspondent à l'arrêté du 25 janvier 1991.

9.5 Le panache

Depuis 1920, l'émission de gaz dans l'atmosphère est soumise à des dispositions légales qui ont été constamment renforcées. Les fumées d'unités de traitement des déchets ne font pas exception à cette règle.

Les normes actuelles sont telles que du point de vue du soufre, l'utilisation d'une voiture pendant un an représente l'équivalent de l'incinération de 10 tonnes d'ordures ménagères! Chaque habitant générant, en moyenne, plus d'un tiers de tonne d'ordures ménagères, il est donc possible d'affirmer qu'une voiture est trente fois plus polluante que les ordures incinérées...

Dans un autre registre, on assimile, en général, la vision d'un panache de fumée à une pollution. Pourtant, le panache qui sort des cheminées des usines d'incinération est constitué de fines particules d'eau liquide en suspension dans l'air, et par conséquent tout à fait analogue aux nuages.

Il serait tout à fait possible de supprimer ce panache.

Techniquement, c'est coûteux, mais facilement envisageable. Pour notre confort visuel, il suffirait de refroidir les fumées aux alentours de 50°C, de recueillir l'eau de condensation, puis de réchauffer les fumées vers 180°C pour faciliter leur évacuation par la cheminée. Grâce à ce dispositif on ne verrait plus rien sortir des cheminées et il serait impossible de savoir si l'usine fonctionne ou non.

L'inconvénient est d'entraîner une forte dépense d'énergie

10 Conclusion

Traitement des déchets, recyclage, valorisation, a quoi tout cela sert-il? Pourquoi est-ce si important? Pourquoi faut-il géré efficacement les déchets? La réponse est la prévention, toutes ces actions, ces campagnes, ces nouvelles lois,… servent à demain. Elles servent à préserver l'environnement à long terme. C'est pour ça qu'il est nécessaire d'expérimenter des procédés alternatifs, comme le compostage, et qu'il faut, comme le dit Bruxelles-propreté, jeter malin.