Utilité de l'étymologie scientifique

"Les étudiants en Sciences naturelles ont trop souvent le sentiment d'être constamment "matraqués" à coup de "termes barbares" dont la signification leur échappe parfois totalement, et ils reprochent à ces disciplines de trop faire appel à leur mémoire. Malheureusement, tout cela est un peu vrai depuis que l'enseignement du Latin est en perte de vitesse, et que celui du Grec est totalement abandonné, du moins pour ceux qui se destinent à des études scientifiques.

Tout cela est bien dommage, car non seulement, comme chacun sait, la langue française tire ses origines du Grec puis du Latin, mais, de plus, la plupart des termes scientifiques ont été créés de toute pièce à partir de racines latines et surtout grecques à l'époque où les langues classiques faisaient partie intégrante de l'enseignement dans le monde occidental. Elles ont ainsi permis d'élaborer et de transmettre les connaissances, ont été le langage international pendant des siècles, et le sont toujours restées pour les naturalistes, même si actuellement l'Anglais les supplante, mais seulement comme véhicule.

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En effet, on ne peut mémoriser sans peine que ce que l'on comprend. L'effort de mémoire se limitera donc aux racines. Pour les mots plus complexes, il suffit ensuite de découper ceux-ci selon ces racines pour en trouver logiquement la signification. Il convient cependant de rester très prudent sur le découpage des mots, pour éviter des erreurs grossières: par exemple, il serait tentant de croire que le mot professeur vient de pro- = en avant, et de fess- = fêlé, or il n'en est rien!

Basée sur cette démarche, l'étymologie est à la portée de tous. Outre son utilité indéniable, elle devient très vite passionnante, car ses possibilités sont illimitées.

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L'étymologie peut même devenir un jeu pour construire des mots imaginaires, pourquoi pas? Ainsi, par exemple, la "tétratrichotomie", du grec "tetras" = quatre, "trichos" = poil, et "tomein" = couper n'est autre que "l'art de couper les cheveux en quatre", c'est-à-dire de compliquer les choses à plaisir.

La zoologie en est tout le contraire, malgré les apparences, puisque son but est de décrire et d'expliquer, dans un langage clair, logique et précis, l'extrême complexité du monde animal."

Texte extrait de l'avant-propos de Monsieur Bernard Le Garff, Maître de Conférences en Zoologie à l'Université de Rennes, à son "Dictionnaire étymologique de zoologie" publié en 1998 aux éditions Delachaux et Niestlé.

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