Les empreintes digitales ou dermatoglyphes

1 Caractérisation d'une empreinte digitale

Les crêtes dermo-épidermiques de la pulpe des doigts décrivent trois types principaux de dessins: les arcs, quand les crêtes vont toutes d'un bord à l'autre du doigt; les boucles, lorsque les crêtes ont un trajet récurrent et reviennent au bord dont elles sont parties; les tourbillons enfin, quand les crêtes présentent un trajet plus ou moins spiralé et limité vers les bords.

Arc de l'index gauche

Boucle de l'auriculaire droit

Tourbillon symétrique du pouce gauche

L'élément fondamental n'est cependant pas le dessin des crêtes, mais le nombre de triradii ou deltas: il s'agit de disposition en étoiles, qui s'inscrivent entre les branches des dessins. Deux deltas correspondent à un tourbillon; s'il n'y a qu'un delta, il s'agit d'une boucle; l'absence de deltas produit un arc, avec des crêtes sinueuses et parallèles d'un bord à l'autre. Il y a une corrélation stricte entre nature du dessin et nombre de deltas.

De plus, ces dessins varient dans leur orientation: ils peuvent présenter des figures symétriques ou tournées du côté externe (radial) ou interne (ulnarien) de la main.

Boucle radiale de l'auriculaire droit

Boucle cubitale de l'index droit

Enfin, ces dessins présentent de multiples intermédiaires et des figures anormales (arcs en tente, boucles enlacées, tourbillons à deux centres).

Arc en tente du majeur droit

Tourbillon à deux centres du pouce droit

Tourbillon à deux centres très distincts du pouce droit

Finalement, on peut ne pas tenir compte du dessin lui-même, mais caractériser un sujet ou une population par le nombre de deltas ou, mieux encore, en effectuant la numération des crêtes des dix doigts.

Numération des crêtes entre le delta et le centre de la boucle cubitale du pouce droit

2 Comparaison de l'Homme et des grand singes

Les grands anthropoïdes, ou Pongidae (gorille, chimpanzé, bonobo et orang-outan), présentent les mêmes empreintes digitales que l'Homme, avec des aspects particuliers: allongement des dessins, arcs plus souvent "en tente", tourbillons fréquemment à deux centres, arcs sur l'auriculaire et non sur l'index.

3 Hérédité des empreintes digitales

La transmission héréditaire chez l'Homme des dessins est polyfactorielle, due à plusieurs gènes qui semblent en rapport avec l'épaisseur du pannicule sous-cutané des divers doigts. Le nombre des crêtes est presque semblable chez les jumeaux monozygotes; il présente une nette corrélation entre frères (ou sœurs) et entre jumeaux dizygotes. Mais les particularités de détail permettent toujours de distinguer deux jumeaux, ce qui est la base de l'identification individuelle. On peut parfois utiliser la nature des dessins dans les recherches de paternité.

4 Dermatoglyphes et criminologie

Les empreintes digitales sont utilisées par les services d'identité judiciaire de la façon suivante: tout d'abord, on recueille les empreintes des dix doigts de condamnés ou de suspects, et on en fait le classement (fichier décadactylaire, basé sur les dix doigts). Si l'on a besoin d'identifier un sujet, mort ou vivant, on compare ses empreintes à celles du fichier et l'on établit s'il s'agit ou non d'un sujet déjà connu et répertorié.

Ensuite, on classe les empreintes toutes ensemble, indépendamment du doigt (fichier monodactylaire); lorsqu'on recueille des empreintes sur le lieu d'un crime, on ignore de quel doigt il s'agit, aussi on décrit les empreintes de façon simple: boucle ouverte à droite ou à gauche, tourbillon de tel type, etc. Puis on compare l'empreinte trouvée à celles de même type dans le fichier monodactylaire pour déterminer l'identité du sujet.

L'identification ne se fait pas par le type de dessin, mais par les particularités de celui-ci: lorsque le nombre des coïncidences croît en progression arithmétique, les probabilités d'identification augmentent en progression géométrique. Sur une bonne empreinte, il existe une centaine de particularités individuelles. Or il suffit de constater dix-sept coïncidences pour être sûr de l'identification du sujet: les probabilités de similitudes par hasard et de confusion sont pratiquement nulles. C'est de très loin la meilleure méthode de signalement et d'identification.

5 Empreintes digitales et maladies chromosomiques

Dans la trisomie 21, il existe souvent des boucles ulnariennes (=cubitales), mais jamais de boucles radiales (ces deux types de dessins correspondant à une hérédité différente). L'association de boucles internes et de pli palmaire transverse permet le diagnostic clinique du mongolisme (trisomie 21). Dans la trisomie 21, les lignes palmaires principales sont effectivement plus régulièrement transversales; au contraire, dans le syndrome de Turner , elles sont plus verticales. (Les deux formes les plus fréquentes de transsexualité d'origine chromosomique sont le syndrome de Turner -phénotype féminin, caryotype 45 XO, identité psychosexuelle féminine- et le syndrome de Klinefelter -phénotype masculin, appareil génital masculin avec atrophie testiculaire, caryotype 47 XXY-.)

6 Travaux pratiques

Imprimez l'empreinte digitale la plus complète de l'extrémité de chacun de vos dix doigts, en les frottant sur un papier noirci au crayon gras puis en les appliquant sur un papier ou sur un morceau de papier collant transparent (attention de bien comprendre les inversions gauche-droite à l'impression). Les deltas doivent être visibles et les crêtes faciles à compter.

Découpez la meilleure empreinte pour chaque doigt et collez-la dans un tableau légendé des dix doigts. Pour chaque doigt, déterminez le type de figure, le nombre de deltas et le nombre de crêtes séparant le centre du (des) delta(s) du centre de la figure. Faites figurer dans votre rapport le nombre total de chaque type de figure, de deltas et de crêtes pour vos dix doigts.